Mémoire(s) de Château

A l’origine de Mémoire(s) de Château, la volonté du château de Versailles de laisser la parole à celles et ceux qui ont fait l’histoire du lieu. Leurs souvenirs, confidences et leurs histoires personnelles ont été recueillis pour la première fois sous forme de podcasts. Qu’ils aient logé entre ses murs, qu’ils aient fréquenté ses salons et ses jardins, qu’ils aient été ébénistes, photographes ou conservateurs, chacun raconte son histoire du château de Versailles ...

Versailles, années 1940 : guerre et paix

Jacqueline Fleury-Marié, Versaillaise, résistante, déportée à Ravensbrück
Marie-Noëlle Pinte, Versaillaise, a passé son enfance au château de Versailles

© E-motion

Dans cet épisode, Mémoire(s) de Château donne la parole à Jacqueline Fleury-Marié et Marie-Noëlle Pinte. La première vivait à Versailles en 1940, et a vu la Wehrmacht envahir la ville et le Château, avant d’être arrêtée par la Gestapo pour faits de résistance et envoyée en Allemagne au camp de Ravensbrück. La seconde, fille d’un ingénieur des ponts et chaussées en charge des eaux et fontaines du château de Versailles, a vécu une partie de son enfance en ces lieux, notamment durant la Seconde Guerre mondiale.

— « Notre terrain de jeu, c’était la cour, et le parc qui est près de la Salle du Congrès. Devant l’entrée de la Salle du Congrès il y avait un grand trottoir, c’est là qu’on a appris à faire de la bicyclette. On se faisait réparer nos vélos par les gardiens. »
Marie-Noëlle Pinte

— « Je garde un très bon souvenir de ces années passées au Château : on avait un espace extraordinaire pour aller jouer, puisqu’une fois les grilles fermées, nous pouvions encore aller dans le parc et dans la cour, sans problème. (…) On était très content. Je pense que nous avons eu beaucoup de chance d’habiter là (...). »
Marie-Noëlle Pinte

— « On avait très peur que le Château soit bombardé. (…) Je me souviens des sirènes de nuit : on nous réveillait, on était obligé de descendre dans les caves du château, qui étaient énormes et assez effrayantes pour des enfants. »
Marie-Noëlle Pinte

Le château de Versailles depuis l'avenue de Paris, 1940-1944

© Service des archives du château de Versailles

— « Le début de la guerre, c’est l’arrivée des Allemands, qui mettent leur drapeau sur le Château, et ça, c’est insupportable. C’est quelque chose qui nous fait penser déjà, que si on peut faire quelque chose contre les Allemands, il faudra le faire. Et c’est ce qui va se passer. »
Jacqueline Fleury-Marié

— « Pour nous, toute occupation des Allemands sur le sol français était inadmissible. C’est épouvantable, c’est la France qui est occupée, pas seulement le Château ! (…) c’est une douleur immense. »
Jacqueline Fleury-Marié

Le drapeau à croix gammée flotte sur le château de Versailles

© collection particulière, DR

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ÉBÉNISTE AU CHÂTEAU DE VERSAILLES

Michel Tigréat, ébéniste au château de Versailles de 1955 à 1992
Eric de Meyer, ébéniste au château de Versailles de 2003 à 2023

© E-motion

Dans cet épisode, Mémoire(s) de Château donne la parole à deux artisans d’art, ébénistes de profession. Si une génération les sépare, une même vocation les rassemble. Quand le travail du bois rejoint la passion de la restauration de mobiliers anciens, c’est une seule et même voix qui s’élève, et raconte …

— « Mon père est venu travailler dans les musées, après la guerre de 14. J’ai vécu toute mon enfance à Trianon. Je connaissais le Château comme ma poche, j’y allais tous les 15 jours, j’essayais de dessiner des meubles. »
Michel Tigréat

— « Lorsque je suis entré au château de Versailles en 1954, tout le château était dans un état lamentable : les couvertures, les boiseries, … »
Michel Tigréat

— « La révélation [pour le métier] s’est faite en 1957. Le bureau du Roi qui était au Louvre devait venir à Versailles, pour la venue de la Reine d’Angleterre. [Gérald] Van der Kemp arrive à la maison et me dit « allez en mission au Louvre, faites le constat d’état du bureau » (…). J’ai vu le bureau complètement démonté, j’ai vu la mécanique, je me suis rendu compte que contrairement à ce qui était écrit, le bureau ne s’ouvrait pas d’une manière automatique (…) pour moi c’était une découverte impensable. Ce bureau m’a donné l’envie de devenir restaurateur. »
Michel Tigréat

"Les artisans de Versailles" (archive INA)

— « J’ai connu Michel Tigréat parce que son fantôme était encore à Versailles, comme toux ceux qui ont travaillé au château, on laisse des traces. On me parlait souvent de lui (…). Michel Tigréat est une mémoire vivante. »
Eric de Meyer

Générations d'ébénistes au château de Versailles

© collection particulière, Eric de Meyer

— « Versailles représente pour moi toujours ce fabuleux château, une fierté qui s’inscrit dans une histoire de France incroyable. Faire partie de cette histoire de France m’a vraiment donné fierté et satisfaction. »
Eric de Meyer

"Peintures de bois" (Carnets de Versailles)

"Voir des planches dans les arbres" (Carnets de Versailles)

CONSERVATEUR DU CHÂTEAU DE VERSAILLES

Charles Mauricheau-Beaupré (1889-1953), conservateur en chef du château de Versailles de 1941 à 1953
Laurent Salomé, directeur du musée national des chateaux de Versailles et de Trianon depuis 2016

© E-motion

Dans cet épisode un peu particulier, Mémoire(s) de Château donne la parole au Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Laurent Salomé. A sa propre vision du château, des jardins, du musée et de ses collections, vient s’ajouter un témoignage historique : celui de Charles Mauricheau-Beaupré (1889-1953), conservateur en chef du château de Versailles de 1941 à 1953.
Quelques jours avant sa mort accidentelle au Canada, Charles Mauricheau-Beaupré est interviewé par Radio Canada, et livre sa vision de sa profession.

— « Conserver est une noble tâche, ça n’est pas du tout un métier passif. Il faut sans arrêt innover et agir pour éviter qu’un patrimoine s’abîme ou soit exclu du regard du public. Si on ne fait pas des efforts, des expositions, des recherches pour comprendre le patrimoine dont on est chargés, il périclite. »
Laurent Salomé

— « Le visiteur ne s’en rend pas compte aujourd’hui, mais le Château a été vidé après la Révolution, il aurait pu disparaître, il en a été question plusieurs fois. Heureusement il a été sauvé, il n’a jamais brûlé, on n’a jamais décidé de le détruire, il a échappé aux deux guerres mondiales (…). Tout ce qu’on voit aujourd’hui, qui a l’air tellement impeccable, a en fait été recréé patiemment. »
Laurent Salomé

— « Il faut évidemment préserver la magie de Versailles, parce que c’est un témoignage d’un moment extraordinaire de civilisation (…), cette espèce d’œuvre d’art qu’est Versailles, ce rapport avec la nature, la mythologie, … Le plus important est que cela continue à vivre. »
Laurent Salomé

— « Versailles, heureusement n’est pas un musée, c’est pour ça que je l’aime ! C’est une maison qui est restée vivante. Le musée est au fond une chose terrible : une collection de papillons qu’on a commencé à tuer et que l’on a fixés avec une épingle (…) tandis que Versailles est restée une œuvre d’art complète vivante. »
Charles Mauricheau-Beaupré

— « L’aspect des jardins de Versailles est encore excellent : le visiteur a une impression d’émerveillement car les parterres que nos jardiniers fleurissent comme autrefois resplendissent avec toutes ces fleurs, toutes ces couleurs. On a l’impression de marcher sur un tapis de la Savonnerie qui serait fait avec ces fleurs. »
Charles Mauricheau-Beaupré

— « Il ne faut pas trop s’attarder, comme toujours à Versailles, car au milieu des parterres fleuris, il y a des bassins qui ne gardent plus l’eau, alentour il y a des treillages qui sont ruinés (…). Les arbres eux-mêmes souffrent d’une vétusté commençante et quelques fois déclinante. »
Charles Mauricheau-Beaupré

"L'appel d'André Cornu" (Carnets de Versailles)

"Paris vous parle : l'appel d'André Cornu" (France Culture)

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PHOTOGRAPHE AU CHÂTEAU DE VERSAILLES

Christian Milet, retraité, photographe au château de Versailles de 1979 à 2021
Thomas Garnier, photographe au château de Versailles depuis 2011

© E-motion

Dans cet épisode, Mémoire(s) de Château laisse la parole à deux artistes contemporains du château de Versailles : Christian Milet et Thomas Garnier, deux photographes officiels du Château. De l’œil au cœur, les deux photographes se livrent, et dessinent leur histoire du château de Versailles …

— « Je suis arrivé [au château de Versailles] en 1964, par l’intermédiaire de mon père, qui y était tapissier. L’atelier de mon papa était situé au niveau des Salles des Croisades. Pour passer de son atelier au musée, il fallait passer par une petite trappe sous un tableau. Pour un enfant, c’était génial. »
Christian Milet

Christian Milet dans les Salles des Croisades, sur les traces de son enfance

© Thomas Garnier

— « Je découvre la photo à 12 ans, d’abord avec mon père, qui m’achetait des petits appareils photo Kodak en plastique. Je faisais beaucoup de photos dans le parc (…). Avec un copain, on faisait plein de photos, on les développait, on les tirait le week-end dans la cuisine. »

— « En juin 1978, il y a eu un attentat [au Château], une bombe posée par les Bretons. (…) Le but des photos était d’avoir un dossier pour la restauration (…). J’en ai profité pour faire plein de photos. La galerie des Batailles avait été soufflée sur quelques mètres carrés, il y avait des morceaux qui avaient traversé les fenêtres, qui étaient allés se mettre dans les jardins, c’était très impressionnant.»

Dégâts causés par l'attentat, 1978

© Christian Milet (collection personnelle)

La galerie des Batailles après l'explosion

© Christian Milet (collection personnelle)

— « A l’âge de 23 ans, j’ai fait le tour de l’Amérique latine, et j’ai beaucoup photographié. Ce jour-là j’étais en Bolivie, au Salar de Uyuni, une grande mer de sel. On dirait un miroir du ciel, sans horizon. Il y avait un flamand rose, sur ce Salar. Je me suis approché, il ne bougeait pas, et d’un seul coup il s’est envolé, et j’ai cliqué. Et au moment du clic, je savais que j’avais la photo de mes rêves. Je me suis dit « c’est ça que je veux faire de ma vie. »
Thomas Garnier

Flamand rose. Bolivie, Salar de Uyuni

© Thomas Garnier

— « J’ai passé mon diplôme de télépilote pour essayer de montrer Versailles autrement, Versailles vu du ciel (…). Avec le drone, on a toutes les perspectives possibles, c’est presque dur de choisir quel angle on va prendre, parce qu’il y a un infini des possibles. »
Thomas Garnier

Vue aérienne des jardins du château de Versailles

© Thomas Garnier

Vue aérienne du Grand Canal en hiver

© Thomas Garnier

— « Quand on est photographe au château de Versailles, on est en bout de chaîne du travail de l’ensemble de nos collègues : les fontainiers, les jardiniers, les éclairagistes, … Ce sont des alliés dans notre travail, parce qu’ils protègent le patrimoine, ils le rendent beau. Et nous arrivons en bout de chaîne et devons rendre les honneurs à leur travail, et c’est une forme de pression. (…) Souvent, quand quelque chose est très beau, [on se demande] comment réussir à rendre cette beauté, c’est un enjeu. »
Thomas Garnier

« Derrière l’objectif », entretien avec Christian Milet (Carnets de Versailles)

« Jeux enflammés » : portfolio des Jeux Olympiques Paris 2024, par Thomas Garnier et Didier Saulnier (Carnets de Versailles)

"Le Château vu du ciel", Thomas Garnier (livre)

Les témoins

Jacqueline Fleury-Marié

Née en Allemagne en 1923, Jacqueline Fleury-Marié vient s’installer à Versailles en 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Arrêtée par la Gestapo en juillet 1944 pour des faits de Résistance dans le réseau Mithridate, elle est déportée au camp de Ravensbrück et ne revient en France qu’en mai 1945. Depuis 2021, une école élémentaire de Versailles porte son nom.

Thomas Garnier

Photographe du château de Versailles depuis 2011, il en parcourt les étroits couloirs, les salles du musée, les allées boisées pour en révéler la beauté. Depuis quelques années, il est également pilote de drone, et auteur de « Le Château de Versailles vu du ciel » (coédition Albin Michel – château de Versailles, septembre 2023, 212 pages).

Charles Mauricheau-Beaupré

Conservateur-adjoint dès 1924, il accède à la direction du musée en 1941. Il assure un rôle de première importance dans la sauvegarde du château de Versailles durant la Seconde Guerre mondiale. En 1953, il meurt accidentellement au Canada, après 34 ans d’une carrière entièrement dédiée au service du château de Versailles (voir plus).

Eric de Meyer

En retraite depuis 2023, l’ébéniste Eric de Meyer a travaillé durant vingt ans au château de Versailles. Chargé de restauration pendant dix ans, il prend ensuite en charge l’atelier de restauration et des ateliers muséographiques au sein de la conservation du musée.

Christian Milet

Photographe du château de Versailles pendant plus de quarante ans, Christian Milet prend sa retraite en 2021. Premier photographe attitré du château, il est aussi un enfant du domaine de Versailles : son père, tapissier de profession, travaillait au château et vivait, avec sa famille, dans le parc de Versailles.

Marie-Noëlle Pinte

Née à Paris en 1938, Marie-Noëlle Vieillard réside avec sa famille dans l’aile des ministres sud du château de Versailles de juillet 1941 à septembre 1949. Son père travaille comme ingénieur en chef adjoint des ponts et chaussées et y bénéficie d’un logement de fonction. Après la Libération de Versailles le 25 août 1944, la jeune enfant assiste à l’arrivée des Américains dans la cour du château. Restée très attachée au château après le départ de sa famille, elle se mariera plus tard à Etienne Pinte, homme politique, notamment maire de Versailles entre 1995 et 2008.

Laurent Salomé

Directeur du musée des Beaux-Arts de Rennes en 1995 puis des musées de la ville de Rouen entre 2001 et 2011, il devient directeur scientifique de l’Etablissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais en 2011. En 2016, il devient directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Michel Tigréat

Né à Versailles en 1932, Michel Tigréat est le fils d’un ancien gardien du château. Il a vécu une grande partie de son enfance à Trianon, hormis lors de la Seconde Guerre mondiale. Passionné par les métiers du bois, il se spécialise dans les métiers de la restauration dans l’ébénisterie.  Après plusieurs expériences, il entre au château de Versailles dans les années 1950. Ancien responsable Service de restauration des œuvres d’art, il part en retraite en 1992.

Crédits

Mémoire(s) de Château, une production originale du château de Versailles.

Mémoire(s) de Château, un projet porté par :

Claire Bonnotte Khelil, collaboratrice scientifique au château de Versailles, Direction du Musée national
Nejma Zegaoula, cheffe de projets audiovisuels au château de Versailles, Direction de la Communication

Le château de Versailles :

Christophe Leribault, Président du château de Versailles
Laurent Salomé, Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Paul Chaine, directeur adjoint de la Communication, chef du service du développement numérique
Alicia Baudry, cheffe de projets numériques – Webmaster
Toutes les équipes de la Direction de la Communication du château de Versailles

Le château de Versailles remercie tout(e)s les intervenant(e)s d’avoir bien voulu raconter leur histoire personnelle, et la transmettre au plus grand nombre :
Jacqueline Fleury-Marié
Thomas Garnier
Eric de Meyer
Christian Milet
Marie-Noëlle Pinte
Laurent Salomé
Michel Tigréat

Réalisation des enregistrements sonores et écriture : Louise Régent
Production sonore : Opixido
Réalisation des formats vidéo : E-motion

Archive sonore : Institut national de l'Audiovisuel (INA)